Patrick Berger architecte, Paris

Le Palace, "lieu de plaisir", Paris

Le lustre de néons (création Patrick Berger) vu de la cabine de Guy Cuevas
Palace décembre 1978
courtesy Charles Duprat
Grace Jones - La Vie En Rose

Le projet représentait la transformation d’un ancien théâtre inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques, en salle de spectacle et de fêtes nocturnes.
Les agencements et les aménagements opposaient la restauration de ce lieu historique aux techniques de scénographie les plus avancées, à seule fin de créer ce qui est devenu un lieu de plaisir à Paris.
Il s’agissait de traiter les dépendances propres de fonctionnement (bureaux, loges, etc…) et les lieux de rencontres (restaurant, salons, bars …)

« Le grand matériau de l’art moderne, de l’art quotidien, n’est-il pas aujourd’hui la lumière ? Dans les théâtres ordinaires, la lumière est au loin, aplatie sur la scène. Au Palace, c’est tout le théâtre qui est la scène ; la lumière occupe là un espace profond, à l’intérieur duquel elle s’anime et joue comme un acteur : un laser intelligent, à l’esprit compliqué et raffiné, tel un montreur de figurines abstraites, produit des traces énigmatiques, aux mutations brusques : cercles, rectangles, ellipses, rails, filins, galaxies, torsades. La chose notable n’est pas la prouesse technique (cependant encore rare à Paris), mais l’apparition d’un art nouveau, dans son matériau (une lumière mobile) et dans sa pratique ; car il s’agit en somme d’un art public, en ceci qu’il s’accomplit au milieu du public, et non devant lui, et d’un art total (vieux rêve grec et wagnérien), où se combinent les scintillations, les musiques et les désirs. Cela veut dire que « l’art », sans rompre avec la culture passée (la sculpture de l’espace au laser peut très bien rappeler des tentatives plastiques de la modernité), s’éploie hors des contraintes du dressage culturel : libération scellée par un nouveau mode de consommation : on regarde les lumières, les ombres, les décors, mais aussi on fait autre chose en même temps (on danse, on parle, on se regarde) : pratique connue du théâtre antique. »

Roland Barthes
Extrait de « au "Palace" ce soir » in Vogue Hommes, n° 10, mai 1978, p. 88
repris dans « Incidents » éditions du Seuil

Coupe et plan sur la salle. Bas reliefs conservés et restaurés

Voir en ligne : Le Palace

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Programme : Reconversion du théâtre « Le Palace »

Maître d’ouvrage : Fabrice Emaer - Palace International

Situation : 8, rue du Faubourg Montmartre, 75009 Paris

Conception et réalisation : Patrick Berger et Vincent Barré architectes

Date : Réalisation 1978

Photographies : Droits réservés ; © Documents Palace International ; ©archives Patrick Berger
Photographies en couleur : Pascal Hinous